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Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/29

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Sitôt ma cousine partie, je courus à la bibliothèque et j’en rapportai l’affreux volume. Connaissant la plupart des personnages qui y sont peints, je m’en amusai beaucoup. C’est un chef-d’œuvre en son genre.

Le grand événement public à cette époque, en dehors de la guerre de Crimée, que nous ne cessions de blâmer, dans l’opposition, dont nous critiquions les lenteurs attribuées par nous à la mollesse des instructions, à l’insuffisance de l’armée anglaise, le grand événement, dis-je, était l’Exposition universelle.

Mon mari me conseilla de sevrer ma fille, de la conduire chez mes parents et de venir le rejoindre à Paris, où il comptait faire un premier séjour de quelques mois pour s’y installer ensuite.

J’allais connaître Paris ! J’en avais la terreur. Ma destinée était là. L’esprit de ma grand’mère dominait le mien dès que Paris entrait dans les fatalités de ma vie.

« Bah ! n’en aie pas peur, me disait mon père. Poses-y le pied bravement. Regarde-le en face, ce Paris. De deux choses l’une : ou tu y seras quelqu’un, comme l’a espéré et voulu ta malheureuse grand’mère, et alors les épreuves de ton douloureux mariage auront été nécessaires ; ou tu briseras les attaches de ta servitude morale et tu reviendras chez ton père. Là, tu auras une vie, sinon heureuse, du moins dégagée des responsabilités conjugales qui m’inquiètent pour l’avenir. »