Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était de lui consacrer sa vie dans la mesure où la situation l’exigerait.

« Si vous n’avez pas le courage d’être le vrai père qu’il lui faut, si vous ne l’aimez pas assez pour cela, dit Arlès-Dufour, je la prends ! ma femme en fera sa fille et mes enfants leur sœur. »

Le « toqué » réussissait encore une fois par sa bonté, par sa façon de culbuter les demi-arguments et de répondre en son nom personnel de ce qui pouvait manquer à la cause. Mon père comprit la forme de son dévouement paternel. Il fut prêt, en quelques heures de contact avec le meilleur des hommes, le plus admirable des amis, à m ’appeler pour me défendre auprès de lui, à me suivre où il faudrait combattre pour moi. Ma mère, en même temps, eut conscience de son devoir de réparation, et, grâce à un court sermon que lui fit Arlès-Dufour, elle eut la joie de ne plus se sentir impuissante.

Le « Père » avait fait un miracle. Quand j’arrivai à Chauny, je trouvai chez les miens de la vaillance, de la sérénité : pour la première fois de leur vie ils étaient d’aplomb tous deux, voyaient le but à atteindre de la même façon. Jusqu’à ma petite Alice, dont l’esprit éveillé par tant de scènes auxquelles elle avait assisté comprenait même ce qu’on essayait de lui cacher, qui me dit :

« Le vieux monsieur à cheveux blancs est venu nous voir, c’est un « bon génie. »