Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/299

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le bienfaisant manuel ; or, le croiriez-vous ? Je trouvai chez mes collègues et dans l’Assemblée Nationale un esprit de routine, une étroitesse d’idées inimaginables. Mes meilleurs amis m’abandonnèrent, me trouvant trop osé. Personne en relisant aujourd’hui le manuel de Renouvier ne pourrait croire que les hommes de 1848 ont refusé d’en faire la base morale de l’éducation républicaine. »

« Ma chère amie, ajoutait de Ronchaud, comme c’est votre compliment de Renouvier à Carnot qui a commencé la conversation et que je suis convaincu que la suite vous captivera, je vous l’envoie tout entière. La pauvre exilée chaunoise s’imaginera qu’elle est encore au milieu de ses amis et les entend discourir.

« — Jamais les révolutionnaires n’ont réalisé de grandes réformes, dit Girardin ; voyez en Angleterre, ce sont les Whigs qui proposent et les Tories qui disposent. Est-ce que vous, Carnot, président du Conseil, vous auriez pu imposer en 1848 une réforme de l’importance de celle de Robert Peel, l’abolition des prohibitions, c’est-à-dire le vote de la liberté commerciale ?

« Est-ce que l’un des vôtres, sous un gouvernement républicain, aurait fait signer le traité de commerce avec l’Angleterre et décréter le libre-échange, comme vient de le faire l’Empereur ?

« — Il y a des compensations, dit Carnot,