Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/314

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brant crève un chou, dont la crème inonde sa moustache.

Nous rions tous ; Texier ne se déconcerte pas pour si peu. Il boit un verre d’eau, le fait déborder sous une serviette à thé, qu’il roule prestement et nous apparaît délivré de sa crème.

« Mesdames et messieurs, dit-il, M. Barbey d’Aurevilly est l’ennemi des femmes. On l’a dit prêtre ; non ! Si ce n’est lui, c’est donc son frère ? Oui ; voyez l’une des douces phrases écrites par ce pourfendeur du sexe. « Les femmes cherchent encore leur âme ! » Eh ! eh ! il y a bien un peu de vrai. »

Nous protestons.

« Autre phrase de M. Barbey d’Aurevilly : « Nos pères ont été sages d’égorger les huguenots et bien imprudents de ne pas égorger Luther. »

— Eh ! eh ! il y a du vrai, dit Mme  de Pierreclos.

» Nous protestons encore.

« Le style Barbey est imagé, s’il en fut, ajoute Texier. Rien de terne. Son livre : Les Œuvres et les Hommes, n’est pas du premier venu. Il vous cingle les libres penseurs à coups de trique. Catholique, il n’épargne pas les catholiques, et Jourdan, qui ne dit mot, cite souvent Barbey contre Veuillot. C’est l’archi-sectaire comme écrivain, comme catholique, et il vous a fait, madame, en vous attaquant, beaucoup d’honneur. Il a dû vous flairer païenne. »