Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/343

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nation de M. Fould au ministère des finances donne lieu à des bruits qui émeuvent l’opinion. La situation financière serait extrêmement grave.

Le 24 novembre a paru au Moniteur, en première page, un mémoire de M. Fould, adressé à Napoléon III. Il dévoile la situation financière qu’on s’est efforcé de cacher jusque-là. Une catastrophe est imminente si l’on ne prend sur l’heure des dispositions préservatrices. On ne peut plus dissimuler ni mentir. La dette flottante dépasse un milliard.

Les lettres que je reçois sont pleines de ces faits. Tous dans l’opposition n’ont cessé de crier au danger, mais sans preuves ; aujourd’hui, les chiffres sont là.

Pelletan m’écrit que l’homme du 2 décembre est forcé de rétablir le Corps législatif dans ses droits de contrôle des dépenses, et me raconte la fameuse scène de Fould et de Persigny, le premier criant au second : « Assez de politique de bric-à-brac ! » et raillant le ministre qui ne songe qu’à reconstituer le vieil empire napoléonien. La rentrée de M. Fould plaît aux financiers, c’est la défaite des conservateurs. Napoléon III met la situation entre les mains de celui qui en a dénoncé le péril.

Pelletan est condamné à trois mois de prison pour un article paru dans le Courrier du Dimanche : « La Liberté comme en Autriche. » Dès qu’il est sous les verrous, c’est à qui de nous ira le voir. Moi-même, je cours à Paris