Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/346

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Une troupe de pierrots voltige dans cette chambre.

« Voici, dit Pelletan, Mme Juliette Lamber, écrivain, républicaine, qui vient vous offrir l’un de ses livres. Vous, homme du Midi, vous y trouverez la poésie du Nord, et peut-être cela vous apportera-t-il une heure de distraction.

— À moins, et j’y songe seulement, ajoutai-je, que ce soit une cruauté d’apporter à un prisonnier la senteur des champs. »

Blanqui prend de mes mains le livre, le pose sur son lit.

« Je le lirai et dirai à Pelletan si je vous en remercie, me répond-il avec un peu de hauteur malicieuse.

— Et puis, repris-je, je suis chargée par Daniel Stern…

— Daniel Stern ! »

Ses yeux lancent des éclairs.

« De vous offrir son Histoire de la Révolution de 1848.

— Elle a osé ! »

Je lui remets les volumes, qui tombent de ses mains sur son lit.

« Qui l’autorise à me faire insulter dans ma prison ? s’écrie-t-il avec colère.

— Blanqui, du calme, répète Pelletan, je puis vous assurer… »

Blanqui a saisi les volumes et les jette de toutes ses forces à mes pieds.

Je les ramasse lentement, les pose l’un sur