Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/354

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Nous arrivons le soir, et dès le lendemain matin, le docteur Maure, M. et Mme  Jean Reynaud, auxquels, le « Père » a écrit de Toulon, arrivent pour me voir et pour qu’il leur soit fait « livraison de ma personne », dit Arlès-Dufour, car Adam et lui repartent le soir même.

Sitôt que mes amis m’ont quittée, j’ai à soutenir une lutte violente contre le docteur Maure, qui tient à m’envoyer au Cannet.

« Je n’irai pas où Rachel est morte, je me sentirais perdue. Je veux voir la mer, la respirer ; elle seule peut me sauver. »

J’écris cela sur mon carnet au docteur Maure.

« La mer vous tuerait ! » me répond-il exaspéré.

Ah ! si je pouvais parler, comme je persuaderais mes nouveaux amis, qui tous trois exigent que j’aille au Cannet. Mon papier est si froid pour les convaincre.

Il pleut. J’aperçois cette mer si bleue à Toulon toute pleine de brume. J’envoie ma gentille bordelaise à la recherche d’un petit appartement meublé.

Elle est la seule qui me donne raison. Elle revient, elle a trouvé.

« On voit la mer et les îles !

— Vite arrangez le petit nid. » Elle y passe la nuit, le nettoie, et, le soir, après que le docteur Maure m’a quittée et m’a signifié que le lendemain il me ferait « enlever » pour le Cannet, je quitte l’hôtel et m’installe.