Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/356

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intenses à la gorge, à la poitrine, mais peu à peu moins de sang me vient aux lèvres, ma fièvre s’apaise.

Je l’écris au docteur Maure, qui entre en ouragan un matin chez moi.

« Eh bien, docteur, je vais mieux. Plus de sang depuis hier matin.

— Est-ce possible ?

— Je vous l’assure ! D’ailleurs, vous voyez que je puis parler sans danger.

— C’est extraordinaire.

— Non, la mer m’a cautérisée.

— Il n’y a pas d’autre mot à dire ; mettez votre chapeau ; ma voiture est en bas. Je vais déjeuner chez Jean Reynaud ; je vous y mène.

— Mais…

— Toujours des mais… Je me fâche, à la fin. »

Nous arrivons chez Jean Reynaud, où se trouve lord Brougham. On imagine l’effet de mon entrée : le docteur Maure raconte ce que j’ai fait et le bien miraculeux que j’en ai tiré.

« Oh ! dit lord Brougham, cela ne m’étonne pas. Il y a un médecin anglais qui commence à traiter les maladies de poitrine par des croisières en mer. »

Je m’étais vraiment crue condamnée, je me sens renaître et revivre comme en un rêve. Ce que j’avais cherché à entrevoir depuis mon enfance au travers de mon imagination impuissante est le réel. Mes yeux intérieurs regar-