Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/37

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MM. de Lamartine, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, admiraient hautement la Ristori. Legouvé, Scribe, Jules Janin, l’exaltaient tous trois, un peu moins pour son talent, disait-on, que par inimitié contre Rachel.

M. Fould était allé prier Mme  Ristori au nom de l’Empereur de ne pas quitter Paris, essayant de lui persuader qu’elle se ferait à la Comédie-Française une situation plus grande que partout ailleurs et surtout qu’en Italie.

Mme  Ristori démêla bien vite les sentiments multiples, qui, en dehors d’une admiration sincère, fanatisaient avec exagération certains de ses amis. Legouvé et Scribe ne pouvaient pardonner à Rachel, le premier, son refus de jouer Médée, et tous deux, ses caprices à propos d’Adrienne Lecouvreur ; Jules Janin restait blessé de certains mots inoubliables.

« Je suis Italienne, répondait Mme  Ristori, j’ai un accent, un tempérament de race, des spontanéités, qui choqueraient dans la maison de Molière ; mon éducation serait à refaire, car elle est loin d’être classique. Je ne désire rien autre que ce que je trouve en France : la sympathie dont on me comble et qu’on exprime pour l’art de mon pays, pour sa cause, et dont je suis profondément reconnaissante. Comment pourrais-je prendre la place d’une Française quand c’est comme Italienne que je suis heureuse d’être applaudie ? »

Mme  Ristori fit, l’une des premières, aimer