Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/421

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— Parce que, à Bruyères, j’ai de la chance.

— Le raisonnement est sans réplique !

— Vous vous moquez ?

— Comment voulez-vous que je ne me moque pas ? C’est fou ! »

J’hésitais à faire creuser mon puits. Mais… je me rappelle le mot de mon ami Arlès— Dufour : « Il n’y a que les toqués qui réussissent. » Et j’amorce le puits, dont les trois premiers mètres se creusèrent très aisément ; quatre, cinq, cela va encore ; six, le granit et pas d’eau, pas trace d’humidité. Mon contre-maître, Agaud, malgré le respect que je lui inspire comme architecte et comme ingénieur, doute fortement de ma science comme puisatière.

Ma fille, qui souffre des plaisanteries de Jean Reynaud et qui entend les ouvriers se moquer de moi, me conseille d’aller voir le sorcier et elle ajoute :

« Il n’a pas dit : « Creusez un puits. »

— Non, ni faire une route, et cependant ma route est réussie.

— C’est vrai, ma petite mère chérie. Alors, tu as encore de l’espoir pour l’eau ?

— Oui.

— Oh ! que je serais contente s’il y avait de l’eau dans ton puits ! J’en boirais toute la journée.

— D’autant que celle-là serait de la vraie eau de roche, » me dis-je.

Six mètres, pas d’eau ; six mètres et demi,.