Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/45

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Enfin, j’habite Paris, rue de Rivoli, en face du Louvre. Si ma grand’mère était vivante encore, elle me donnerait sa foi en moi.

Dans les premiers jours de mon installation, je n’ai que deux sensations : celle d’être isolée dans cette ville immense et d’être opprimée par le bruit que font les autres. Je ne connais personne. Les amis de mon mari, qu’il me présente, me sont odieux ; ils ne parlent qu’affaires, gain facile ou difficile. Je dois cependant être satisfaite. L’un de mes vœux les plus chers est réalisé : je suis aussi près que possible du musée des Antiques, du temple de mes dieux.

Nous avons un balcon, et dès que je reviens des Tuileries avec ma fille, je m’y installe pour m’habituer aux bruits de Paris, qui résonnent en mon cerveau comme en un vase de métal.

On annonce la mort de Musset. Ses amis le pleurent sans le regretter, car ils craignaient de voir un jour sa mémoire salie par quelque scandale de sa vie de débauche.

J’ai d’affreuses névralgies, dont je suis guérie par le médecin de mon quartier ; en causant, je découvre que le docteur de Bonnard est en relations par lettres avec mon père, à propos d’une brochure de l’auteur de mes jours sur la fièvre typhoïde. Cette brochure conseillait un remède à l’aide duquel mon père faisait des cures merveilleuses, et il l’avait envoyée à tous les médecins de France.

Le docteur de Bonnard devient mon ami et