Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous soyons au mieux. Juarès n’a pas désarmé, et le sang espagnol sait avoir raison des invasions. Qu’arrivera-t-il si les Mexicains jettent nos protégés impériaux à la mer[1] ?

— Brrr ! dit Peyrat, moi qui ne crois guère aux prédictions des moines, j’en ai quand même le frisson. En attendant leur sort fatal, Maximilien et Charlotte m’ont tout l’air de ne pas s’ennuyer à Mexico.

— Peyrat, repartit gravement Nefftzer, voulez-vous faire un pari à propos de la conférence de Londres qui doit régler le conflit danois-allemand ; vous la suivez, n’est-ce pas ?

— Oui, elle est même intéressante.

— Elle n’aboutira pas. Vous verrez la paix que bâclera la Prusse. Je lis les journaux de Berlin, moi, et je sais ce qu’on veut sur les bords de la Sprée : on veut berner, duper, tromper, promettre pour ne pas tenir, mentir pour mentir. M. Drouyn de Lhuys a trouvé M. de Bismarck, président du Conseil actuel

  1. Les gens de Raguse prédisaient, dès cette époque, la mort violente ou la folie pour Maximilien, pour Charlotte et pour un grand nombre de membres de la famille impériale d’Autriche, parce qu’en choisissant l’île de Lacroma comme villégiature, l’archiduc avait chassé les moines, transformé leur cimetière en jardin, et fait jeter leurs os dans une fosse commune ou à la mer. Lorsque le dernier moine quitta le sol de l’île de Lacroma, il prédit qu’après dix-sept cas ou de folie ou de morts violentes survenus parmi ceux qui habiteront l’île de Lacroma, les moines rentreraient.