Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/475

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marche armée à ma frontière. « Gare à vous ! » Votre Rhin tiendra dans mon verre. Votre esprit est l’esprit de l’Allemagne ; votre méthode, votre philosophie, sa méthode et sa philosophie ; vous préférez la poésie, la science, la littérature naïve, l’amour de la tradition qu’elle préfère. Notre génie révolutionnaire vous inquiète. Votre esprit chercheur n’est nullement avant-coureur.

« Vous n’aimez nos vieilles épopées du moyen âge que parce que l’Allemagne les aime, et parce qu’elles ont des affinités avec les Niebulengen. Est-ce que c’est l’orthographe allemande ? Quel bonheur de ne savoir qu’une langue, d’être une ignorante ! On ne rêve ni mélanges anormaux ni fusion d’éléments opposés ; on ne vient pas forcer les gens d’à côté de penser et de procéder comme leurs voisins, on ne dorlote pas un système, une utopie, avec salles de réunions à l’appui, prospectus, affiches et lanterne sur laquelle on écrira : « Ceci pour vous éclairer à la mode étrangère, qui est meilleure que la vôtre. » Eh ! monsieur, je veux bien boire votre Rhin dans mon verre, mais je vous défie de boire ma Seine ! »

Si j’ai reproduit ces lettres trouvées parmi celles que Mme  Gaston Paris m’a rendues après la mort du plus noble et du plus admiré des époux, c’est qu’elles ont leur place nécessaire à la fin de ce volume, parce qu’elles prouvent dans quel sens évoluait mon esprit et ce qu’il