Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/67

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dame Bovary. Gustave Flaubert, de la lignée de Rabelais, de Montaigne, appelé devant les tribunaux tout comme Baudelaire pour immoralité ! Mon père, qui avait lu Madame Bovary dans la Revue de Paris, m’écrivait les lettres les plus amusantes du monde, après le réquisitoire de M. Pinard, avocat impérial, qui s’indigna si grandiloquemment sur les passages « lascifs » de Madame Bovary. Les « attendus » de ce célèbre jugement firent versifier à mon père des quatrains où « lascifs » et « poncifs » revenaient de façon très amusante. Rappelons l’un de ces « attendus ».

« Attendu qu’il n’est pas permis de reproduire dans leurs écarts les faits, dires et gestes des personnages, etc.

« Que cela conduit à un réalisme qui serait la négation du beau et du bon, que cependant l’ouvrage dont Flaubert est l’auteur est une œuvre qui paraît avoir été longuement étudiée au point de vue littéraire, que le dit Flaubert prétexte de son respect pour les bonnes mœurs et tout ce qui se rattache à la morale religieuse, etc., etc.

« L’acquitte de la prévention portée contre lui. »

Mon père trouvait cet « attendu » désopilant, et il n’était pas le seul. Il prédisait les plus hauts destins à la médiocrité et aux prétentions de M. l’avocat impérial Pinard.

Il fut ministre !