Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/87

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nistes, nous suivions avec intérêt ce qui se passait au Corps législatif. Et les cinq sermentistes dont nous blâmions l’entrée au Parlement étaient accusés par nous, même plus violemment que par les autres, de la moindre défaillance, ce qui ne nous empêchait pas, à toute occasion, de déclarer que prêter le serment était bien inutilement se déshonorer pour le mince résultat obtenu. Ah ! la logique des partis, c’est une moisson rare !

Les « petits Olliviers » nous appelaient les « pointus », les « exilés à l’intérieur » ; ils se gaussaient de Jules Simon et de ses « aigreurs », de l’opposition « tonitruante » d’Emmanuel Arago, des « longs espoirs silencieux » de Jules Grévy, des « fureurs » d’Oreste Goudchaux, de la « passion d’immobilisme » d’Hippolyte Carnot.

Tous les jeunes, cependant, ne faisaient pas partie de la société de la rue Saint-Guillaume, société de « débinage général et de poussée mutuelle », comme nous l’appelions. Si les « petits Olliviers » avaient pour leur grand chef un culte quelque peu agaçant, si, lorsqu’il parlait au Corps législatif, Jules Ferry, Floquet, Dréo, gendre de Garnier-Pagès, Hérold, Delprat, toujours prévenus, étaient là au complet pour susurrer leur approbation, pour escorter Ollivier à la sortie en poussant entre eux, autour de lui, des exclamations enthousiastes que récoltaient les curieux abusés ; en revanche,