Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/95

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nière, Cassagnac, Prosper Mérimée, Eugène Pelletan, Edmond About malgré le Roi des Montagnes, Octave Feuillet, Hippolyte Carnot, Jules Grévy, parmi les hommes politiques, etc. etc., reçurent le volume dans la première journée, avec un mot qui pouvait, je le crus du moins, les intéresser.

Je fis expédier un volume à Proudhon, un à Hetzel. J’avais écrit sur celui d’Hetzel : « Une jolie femme à un malotru. »

Le second jour tous les volumes étaient arrivés à destination.

Mon mari passant une semaine à Courville, dans sa famille, j’en avais profité pour « lancer » mon « œuvre », dont il ne connaissait pas le premier mot.

Je courus à Chauny porter mes Idées anti-Proudhoniennes. Qu’allait-il se passer entre mon père et moi ?

Il prit le petit livre, eut un sursaut en lisant le titre, le tourna, le retourna, aussi ému que l’auteur.

« S’il est mauvais, commença-t-il.

— Mais, papa, s’il est bon…

— Alors, il se pourra que ton sorcier ait raison. À ton âge, telle que te voilà, même avec un demi-succès et un tel livre, tu sors du rang… »

Après le dîner, mon père, me trouvant fiévreuse, me chanta en riant :

« Allez vous coucher, Basile. »