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Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/106

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la première fois qu’il me conviait, et, bien qu’il m’eût prévenu que c’était un dîner d’ami, j’aurais été fort en droit de lui dire en sortant de table : Je ne me croyais pas si fort votre ami ; mais, comme cela n’est que le moindre des maux qui m’attendaient dans cette fatale soirée, je ne veux pas trop m’appesantir sur cette première calamité.

Le repas terminé, je m’apprêtais à quitter la chambre, sans feu, et éclairée d’une seule bougie (c’est par pudeur que je dis bougie), où nous avions dîné, pour aller à l’Opéra entendre Robert le Diable, quand mon vieux scélérat d’ami, me retenant par le pan de mon habit :

— Et pourquoi, diable ! vous sauver si vite ? ne pouvez-vous pas me consacrer une soirée tout entière ? Vous vous imaginez, peut-être, que je n’ai pas songé à vous ménager un après-dîner agréable ? Je vous ai réservé une surprise pour ce soir, laissez-moi le temps de prendre mon chapeau, laissez-vous conduire ; et si vous n’êtes pas content, vous serez bien difficile.

Je le laisse agir. Nous sortons, et nous arrivons rue des Petits-Champs.

— Maintenant nous allons attendre la voiture, me dit mon huissier.

— Quelle voiture ? pour où aller ?

— Mon jeune ami, laissez-moi faire. Je vous le répète, quand vous y serez, vous serez enchanté.

Après avoir attendu un quart-d’heure à la pluie et au froid, nous voyons, enfin venir de loin une de ces voitures monstres qui, la nuit, s’annoncent en faisant