Tuileries jusqu’à la Révolution ; il fut rétabli sous l’Empire dans la salle de l’Opéra, et continué dans ce même emplacement jusqu’à la révolution de Juillet, qu’il fut entièrement aboli, on ne sait trop pourquoi ; car, si ce concert était composé uniquement de musique d’église, maintenant qu’on n’en entend nulle part à Paris, il attirerait probablement un grand nombre d’amateurs, qui regrettent vivement d’être totalement privés d’un genre de musique qui a produit tant de chefs-d’œuvre. Revenons à l’Opéra. En 1733, parut le premier ouvrage de Rameau, Hippolyte et Aricie, qui produisit une sensation inexprimable. On eut d’abord de la peine à s’accoutumer à ce genre de musique, qui s’éloignait totalement de tout ce qu’on avait entendu jusque là. Mais la richesse et la variété des accompagnements, la force de l’harmonie, les nouveaux tours de chant, la coupe inusitée des airs de danse, toutes ces nouveautés finirent par jeter les spectateurs dans l’enivrement.
À Hippolyte et Aricie succédèrent les Indes galantes, qui plurent encore davantage. À une des reprises de cet opéra, Rameau y ajouta un nouvel acte, celui des Sauvages, dont tout le monde connaît la belle marche que Dalayrac a fort heureusement intercalée dans le deuxième acte d’Azemia. Puis vint Castor et Pollux, qui passe pour le chef-d’œuvre de son auteur, et où l’on trouve en effet d’admirables morceaux. Rameau, quoique âgé de cinquante ans, à son début dans la carrière dramatique, fit représenter seize opéras, bien qu’il eût renoncé au théâtre, les dix dernières années