Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment prendre l’habitude du théâtre. Pour commencer, vous entrerez dans les chœurs, puis nous vous ferons jouer de petits rôles qui vous amèneront à en jouer de plus grands ; et pour me donner l’habitude du théâtre, ils m’ont fait chanter 18 mois dans les chœurs, sans seulement me faire porter une lettre. Ils attendaient probablement que je prisse du ventre pour me faire débuter. Ils auraient attendu trop longtemps, et je suis parti. Partout où j’ai été, j’ai cependant eu du succès : ce ne sera donc que dans mon pays, qu’en France, qu’on ne voudra pas de moi. Ma foi tant pis pour eux, il faudra bien qu’ils m’écoutent, et s’ils me sifflent, ils auront tort, ils en trouveront un moins grand, mais qui n’aura peut-être pas ma voix.

Son amour-propre d’artiste l’avait emporté pour un moment sur le chagrin que lui causait sa déconvenue du matin ; mais il retombait de temps en temps dans ses premières appréhensions, et le découragement succédait à ses rêves d’ambition.

Cependant la troupe était à peu près réunie : on faisait les premières répétitions, et la vue du théâtre, où il était appelé à exercer ses talents ne l’avait guère rassuré. Cette salle était provisoire et établie dans une espèce de grange, où l’on avait tant bien que mal arrangé un théâtre avec quelques rangs de loges et de galeries. Cependant l’architecture extérieure était restée la même, malgré les modifications faites à l’intérieur du bâtiment, et de nombreuses fenêtres donnant sur la rue éclairaient le théâtre pendant la journée. Notre artiste ne se rendait qu’en tremblant à ces