la tête et faisait d’infructueux efforts pour rétablir l’harmonie dans sa troupe indisciplinée ; enfin, de dépit, il pose son violon sur son pupitre, déclarant que cette ouverture est injouable, et qu’il y faut renoncer. Notre jeune homme examinait depuis longtemps cette scène qui était peut-être fort comique pour les indifférents, mais pas pour le pauvre directeur, qui ne savait plus à quel saint se vouer ; il s’approche alors de ce dernier : J’ai longtemps été à Paris, et je sais cet ouvrage par cœur ; voulez-vous me laisser faire répéter une fois l’ouverture, je vous réponds qu’elle ira toute seule avant une demi-heure. Le chef-d’orchestre ouvre de grands yeux.
— Eh ! mon cher ami, qu’est-ce que vous entendez à cela ? j’y perds mon latin, moi.
— Il ne s’agit que d’avoir un peu de patience, reprend notre jeune artiste, passez-moi la partition.
On recommence l’ouverture : dès les premières mesures, il s’aperçoit qu’il y a des fautes dans les parties, des mouvements mal indiqués, de fausses rentrées ; tout est rectifié en un instant. Un cor ne peut parvenir à attaquer une note difficile.
— Vous vous y prenez mal, lui dit notre jeune homme : serrez les lèvres de cette façon, et le son viendra hardiment.
— Mais, Monsieur, cela n’est pas faisable, répond le corniste.
— Donnez-moi votre instrument, et soudain il lui exécute le passage avec précision. Les musiciens com-