Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/225

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jour qu’il allait transporter son domicile rue des Bons-Enfants, à l’hôtel d’Effiat, pour être plus près de l’Opéra, qui allait seul l’occuper. Mme Rameau avait bien un autre chagrin, c’était de se séparer de la bonne Mlle de Lombard, dont la société lui devenait à chaque instant plus précieuse, car les occupations multipliées de son mari la rendaient de jour en jour plus solitaire. Elle n’osait lui confier son chagrin ; mais le compositeur s’était attaché à la vieille demoiselle, qui lui rendait souvent le service de remettre au net ses brouillons de musique. Ce fut donc lui qui fit la proposition à Mlle de Lombard de venir demeurer avec eux. La vieille demoiselle accepta avec joie, et fut la meilleure amie de ce couple respectable, jusqu’à la fin de ses jours.

Presque tous les ouvrages de Rameau eurent un grand succès. Un de ses opéras, entre autres, Castor et Pollux, réussit tellement qu’un de ses rivaux, Mouret, en devint fou de jalousie. Enfermé à Charenton, il chantait continuellement le chœur des démons : Qu’au feu du tonnerre, de Castor et Pollux. Rameau fut un des plus grands musiciens qui aient jamais existé. Lui seul a réuni la double qualité de théoricien et de compositeur. Ses airs de danse eurent tant de succès, que pendant longtemps on n’en exécuta pas d’autres en Italie. Un de ses ouvrages, Zoroastre, fut traduit en italien, et joué à Dresde, avec le plus grand succès. Un autre opéra. Platée, produisit 32 mille livres en six représentations. En 1747, l’Opéra lui fit une pension de 1,500 livres, dont il a joui jusqu’à sa mort. Il venait d’être décoré de l’ordre de Saint-Michel