Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/23

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C’était une fortune. Je ne donnai plus de leçons à 30 sous et je fis un peu moins de musique de pacotille.

Boïeldieu n’avait pas grande confiance en moi ; son préféré était Labarre. Labarre négligea la composition où il aurait réussi pour la harpe où il excellait et avec laquelle il pouvait gagner une vingtaine de mille francs par an. Avec le nom de mon père, j’aurais pu, en persévérant, gagner presque la même somme avec des leçons de piano : j’eus le courage de résister.

Je concourus deux fois à l’Institut, la première fois, j’eus une mention honorable ; la deuxième, le premier grand prix fut décerné à Barbereau, le premier second prix à Paris et j’obtins un deuxième second prix. Boïeldieu fut désespéré de mon succès ; il ne voulut plus que je me représentasse au concours et il eut raison. Dix ans plus tard Barbereau était chef d’orchestre au Théâtre français. Paris était chef d’orchestre au théâtre du Panthéon et j’avais déjà fait jouer une dizaine d’Opéras.

Cependant pour atteindre mon but d’arriver au théâtre, je pris un singulier chemin. Je me liai avec des auteurs de vaudeville et je leur offris de leur faire pour rien des airs de vaudeville qu’ils payaient fort cher aux chefs d’orchestre des théâtres pour lesquels ils travaillaient. J’obtins ainsi mes premiers succès au Vaudeville et au Gymnase,