Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/267

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supériorité de la musique italienne ; mais il alla trop loin en niant les beautés que renfermaient les œuvres de Lully et de Rameau. Mais Rousseau ne comprenait absolument que la mélodie et était entièrement inapte à sentir les beautés de l’harmonie. Il avait, de plus, l’habitude de nier ce qu’il ne connaissait pas. Ainsi, dans le commencement de cette lettre, il dit : « Les Allemands, les Espagnols et les Anglais ont longtemps prétendu posséder une musique propre à leur langue… Mais ils sont revenus de cette erreur. » L’erreur n’appartient qu’à Rousseau, qui ignorait que, de son temps, les Anglais regardaient comme leur un des plus grands musiciens du monde, Hændel, dont presque tous les ouvrages ont été composés en Angleterre ; et que les Allemands citaient, non sans un juste orgueil, les Bach et les glorieux précurseurs d’Haydn et de Mozart. Il ignorait également qu’il eût existé autrefois une école qu’avaient illustrée Palestrina et des musiciens célèbres dont les noms même lui étaient inconnus. Parlant des combinaisons scientifiques, il écrit : « Ce sont des restes de barbarie et de mauvais goût, qui ne subsistent, comme les portails de nos églises gothiques, que pour la honte de ceux qui ont eu la patience de les faire. » On voit que son goût n’était pas plus éclairé pour l’architecture que pour la musique rétrospective.

La conclusion de cette lettre est curieuse. Après avoir vanté le mérite de la musique italienne et déprécié le mérite, fort contestable d’ailleurs, que pouvait avoir la musique française, il termine ainsi :