Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/39

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après avoir épousé la fille d’un sous intendant militaire, M. de Duni, petit-fils du célèbre compositeur de ce nom. Neveu du représentant, cousin par conséquent de son fils, Ad. Thibaudeau, Milon s’aidait de ses relations de famille, de l’élégance de sa toilette et de certaines façons pour se donner l’apparence d’un crédit imaginaire. Je voulus bien croire qu’il avait trouvé une somme de dix-huit cent mille francs et je l’associai à mon entreprise. Nous allâmes trouver M. Dejean, le propriétaire de la salle du Cirque du boulevard du Temple : il nous promit de nous vendre son immeuble quatorze cent mille francs. Deux cent cinquante mille devaient être payés comptant, le reste en annuités, de sorte qu’on aurait été libéré au bout de dix ans. Sept cent mille francs d’hypothèques étaient remboursables à différentes époques déterminées. Les cinq cent mille restant étaient à Dejean, et c’est cette somme qui se prélevait, à titre de loyers, sur les recettes journalières et s’amortissait pour ainsi dire chaque jour. Il y avait à peu près deux cent mille francs à dépenser pour l’appropriation de la salle à sa nouvelle destination ; je croyais pouvoir marcher avec quinze cents francs de frais journaliers ; l’affaire se divisait en dix-huit cents actions ; Thibaudeau et moi nous en partagions trois cents : la combinaison était excellente. Je fis sur-le-champ ma demande ; on me fit d’abord comparaître devant