Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/99

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Hérold est mort le 19 janvier 1833, à quatre heures du matin, au même âge et de la même maladie que son père. Depuis quelque temps il se plaignait de maux de poitrine, et semblait prévoir sa fin. Il mit un zèle extraordinaire dans ses répétitions du Pré aux Clercs. Les musiciens seuls savent combien un tel métier est fatigant. Il était exténué quand vint la première représentation. Il fut redemandé à la fin de la pièce, et quand on annonça au public qu’il ne pouvait se rendre à ses désirs, étant trop malade, on prit cette nouvelle pour une excuse banale. Elle n’était, hélas ! que trop vraie.

Il rentra chez lui avec une fièvre ardente, causée sans aucun doute par l’extrême fatigue que lui avaient donnée ses répétitions, et l’émotion du plus grand, du seul très-grand succès qu’il eût obtenu depuis qu’il travaillait pour le théâtre. Le lendemain, il apprend qu’une maladie d’actrice arrête son ouvrage. Ce lui fut un coup mortel. L’Opéra offrit généreusement une de ses plus habiles cantatrices pour remplacer celle dont la maladie suspendait les représentations de la pièce. Il fallut qu’Hérold fit de nouveaux efforts pour aller montrer son rôle et faire de nouvelles répétitions. Cela l’acheva. Il se montra encore une ou deux fois au théâtre, faible et languissant, puis, aux derniers jours de décembre, il fut obligé de garder le lit qu’il ne quitta plus.

Hérold a laissé une jeune veuve et trois enfants, dont un garçon, et une malheureuse mère, dont toute l’existence avait été consacrée à ce fils auquel elle ne croyait