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Mme EDMOND ADAM
(JULIETTE LAMBER)
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VOYAGE

AUTOUR DU GRAND PIN


LA MARCHANDE D’ANÉMONES




À Madame Marie d’A…
Cannes, février 1863


Vous avez appris que je voulais quitter Cannes et vous m’ordonnez d’y rester. Je resterai. En effet, j’ai traité peut-être avec trop de légèreté, pour ne les avoir pas découvertes encore, les magnificences d’un pays que vous admirez tant. Je suivrai donc vos conseils. Je vais chercher, aller et venir, monter sur les hauteurs, me promener en mer, et courir dans la campagne.

Au reste, j’ai déjà commencé.

Ce matin, de chauds rayons de soleil avaient dissipé les brouillards ; le ciel et la mer étaient devenus bleus. Attirée au dehors, malgré certaine résistance intérieure, je sortis de la ville.

Je marchais depuis une demi-heure environ sur la route déjà séchée, lorsque j’aperçus à ma droite un bois de pins. Heureuse de trouver un peu d’ombre, j’y entrai, et bientôt je m’assis au bord d’un frais ravin.

À genoux près du ruisseau, une fillette lavait du linge. En me voyant, elle se leva, prit un bouquet de fleurs caché dans l’herbe et vint me l’offrir.

— Des anémones bleues ! m’écriai-je. Est-ce dans un jardin que tu as cueilli cela, petite ?

— C’est dans notre terre, madame. Deux sous le gros bouquet !

— Ta terre est-elle loin d’ici ?