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ZYWILA.

de la prendre par la douceur ; dissimulant sa colère sous de soyeuses paroles, il lui promettait de lui pardonner sa faute, si seulement il lui était donné de connaître le nom du séducteur.

Zywila se taisait, ne répondant que par ses larmes et ses sanglots. Le prince, transporté de fureur, ordonna d’enchaîner sa fille unique et de la jeter sous bonne garde au fond d’un cachot d’où elle ne devait sortir que pour être bientôt conduite au supplice.

Qui pourrait décrire les lamentations, le violent chagrin et les larmes dont fut remplie la ville entière : naguère la nation considérait la princesse Zywila comme une déesse de l’honnêteté et l’aimait à l’égal d’une mère adorée, car elle se plaisait à soulager le pauvre monde et elle tempérait l’humeur du prince envers ses sujets.

Le peuple en masse se pressait dans la cour du palais, pleurant amèrement et mendiant pitié pour la pauvre princesse, sans pouvoir rien obtenir.

En ce même temps, les frontières étaient troublées par les incursions que les princes ruthéniens faisaient en Lithuanie. Iwan, ayant rassemblé force soldats de toute espèce, parcourait le pays, en promenant par les villes le fer et le feu. Avant que