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CHAPITRE XIV



Il pleuvait. Le ciel en cendres ressemblait à ces pleureuses prosternées devant les funérailles… Le grignotement triste, continu et doux de l’eau sur les dalles et sur la terre berçait, ce midi-là, les vallées rocailleuses et les collines parfumées, les lavant de la caresse féconde du soleil.

Dans l’atrium de la maison de Scopas où bruissait la fontaine, près des autels des dieux, Milès, étendu sur les coussins que les filles de Psappha brodent à Mytilène, se regardait nonchalamment dans un miroir de cuivre. Puis lorsqu’il abandonnait le miroir alourdi, l’adolescent jouait avec des fleurs ; il s’amusait à en respirer la senteur éparse encore au bout des doigts. Contre lui, à ses pieds, le regardant du large émail de ses yeux blancs, un petit esclave syrien jouait sur une harpe à trois cordes un air de son pays…

Sur un lit de repos, en face, mais presque entouré d’ombre,