Page:Adelswärd-Fersen - Messes noires ; Lord Lyllian, 1905.djvu/118

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XII

— Je m’ennuie… disait Renold en caressant ses cheveux d’une main fine, d’une main de femme chargée de bagues… et vous me comprenez, continuait-il les yeux moqueurs… je ne vis plus qu’avec des gens comme vous !

— Trop aimable, répondit l’autre, half and half, un nommé Pol Chignon peintre, poète et penseur. Vous avez cependant quitté ces gens-là à Venise. Vous en êtes parti, m’a-t-on raconté, un peu précipitamment !

— Oui, j’ai déménagé par crainte de mes colocataires. Je suis venu d’abord à Florence, croyant trouver des fleurs, des femmes, des légendes. J’ai vu une ville sèche, un fleuve constipé, un soleil ivrogne qui buvait tout. Et puis non, vrai, j’avais le dégoût dans l’âme, le dégoût des hommes, des choses, de la vie. J’ai continué mon voyage par Rome, par Naples, désireux du même idéal, du même repos et du même oubli. Ils m’ont échappé les uns et les autres. Les fantoches masqués que j’avais cru laisser derrière moi me suivaient à travers les pays, à