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MESSES NOIRES

chauve et décoré s’écriait : Vous détournez ces enfants de la capote anglaise et des chemins ordinaires ! Un syphilitique vaut mieux qu’un inverti… ! Aurais-je le droit de lui répondre : Vous mentez ?

Où se trouve la souillure ? : Est-ce sur les lèvres de Narcisse ou sur celles de Messaline ? Ô les hypocrites…

Qu’il y a-t-il près de l’école ?

Le bordel.

— Et c’est là qu’on cuisine les cancres et les chancres ! Dommage que vous alliez un peu à rebours des idées du ministre, Lyllian. Même si vous étiez coupable, d’autres le seraient bien plus que vous…

Mais croyez-moi, vous gaspillerez vos vingt ans en d’inutiles croisades. Vous ne ferez pas accepter à la majorité, qui se compose d’imbéciles, des théories qui ne se composent pas de préjugés. À l’heure présente on peut tout faire pourvu qu’on vous ignore. Le monde complaisant vous invite à la valse et ferme les yeux.

Il est bon ton d’être « messes noires » pour tous ceux qui n’eurent pas les moyens d’être « rose-croix ». On lit Jean d’Alsace, Achille Patrac, ou M. de Montautrou, on s’affiche chauve-souris et petit baron, perle rouge et presque Hortensia bleu, et l’on prône le jeune Bruné récitant du Baudelaire. Quelques bagues étranges et quelques gilets rastas s’accompagnent de trop longs cheveux. On émet des paradoxes sur Sapho ou bien sur Ganymède avec un joli bagout efféminé pour l’exhumation de toutes ces cocottes grecques. L’on se raconte la dernière nuit de l’antique Jean Paul Sussart dont la tante était aux Tuileries… ou bien au Thé de Ceylan. Et l’on boulestine sur le récent scandale.

» Tout ça s’accepte avec le masque. Mais hélas ! my