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LORD LYLLIAN

plumes et hurlait : « John Brown’s baby bas a pimple on his back… on his back !… »

Lord Lyllian, lord Carnavagh et George Elliott Fitz Roy qui venaient de quitter le perron de Drury Lane faillirent se cogner contre elle.

— Quel vieux pudding ! maugréa Renold en se rangeant. Avec tout ça où allons-nous ? Cette Sherry était assommante. Quelle drôle d’idée lorsqu’on a joué du Shakespeare toute sa vie entière, de vouloir, sur le retour, faire des folies. Il faut bien vieillir !

— Il faut bien vivre, disait Fitz Roy. Le père Duncan en est fou depuis qu’elle montre ses chevilles, qu’elle minaude mal et qu’elle chante faux.

— Elle m’a creusé. Allons souper au Carlton, voulez-vous ?

— Pas encore, répliquait lord Carnavagh. Quelle âme de dyspepsique vous avez ! Trop jeune, chérubin. Tenez, si nous allions voir chez la Yarmouth ? Vous savez qu’elle a complètement changé d’installation. Sur les conseils du fameux Skilde elle a abandonné les fumeries d’opium. Elle donne maintenant des séances à l’éther et au chloroforme. Un de mes amis de l’Indian Civil service m’en a dit des merveilles. Pièces discrètes, sofas moelleux, petites Indiennes jolies comme à Ceylan… Du reste, il suffit que Skilde…

— Vous êtes un de ses disciples fervents ? ricana Fitz Roy. Si ça vous dure comme à Lyllian.

— Moi, mon cher, s’écriait Lyllian, je n’y ai eu aucun mérite. Je l’ai quitté parce que j’ai eu, grâce à lui, des histoires abracadabrantes en Grèce. Mon voyage s’est terminé en queue de boudin. Tant pis pour moi, tant mieux pour lui : Du reste, figurez-vous qu’il m’écrit,