Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/121

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sur le dos. Le curé ne faisait pas de difficulté pour les unir religieusement (quoique ni l’un ni l’autre ne fût catholique) mais encore ne choquerait-on pas ses idées d’habillement. Une des faméliques allemandes, revenue aussitôt après l’annonce des fiançailles, se trouvait présente à l’entretien. Le soir même, elle racontait à toute l’Île que miss Lawthorn s’approcherait de l’autel en chemise ; ce qui mit la paroisse en révolution.

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Le jour de l’Assomption, sur les contreforts verts du Monte Solaro, une procession blanche serpenta, hissant des bannières qui faisaient flotter leurs massives broderies au soleil, balançant des encensoirs qui voilaient de fumée les statues miraculeuses portées par des cagouliers membres de l’archiconfrérie de San Costanzo, agitant des palmes autour de la Vierge qui souriait de son habituel sourire sous sa belle couronne d’or. En haie (flanquant la congrégation de la charité, le clergé et les dames du Saint Sacrement), l’espoir de Capri, les filles de Marie, ouvraient la marche, guindées sous leurs robes pleines d’empois, le cou ficelé de bleu, la tête sous du tulle comme un lustre d’hôtel, suantes et chaudes, plus noires que des truffes au milieu de ces blancheurs.