Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/152

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doit à moi. C’est un gentleman ; absolument un gentleman.

— Brrr ! protestait Maleine. Si tu connaissais, petite Muriel, les histoires qu’on raconte sur lui.

— À Capri ?

— Oui.

— À Capri, le monde entier y passe. Really. Quand on ne sait plus quoi dévoiler sur quelqu’un, on l’invente. Ils ont pris dans cette caricature de société la bonne habitude de dire du mal de tout.

— Cependant le prince n’est ici que depuis quinze jours…

— Et alors ?

— Alors il en est à la période bleu de ciel et lune de miel. Tu sais bien qu’il y a trois phases pour les étrangers : les premiers jours on les adore ; six mois après on les dédore ; au bout d’un an on les abhorre. Eh bien, si déjà on le griffe…

— Il fera z’ongles à son tour — comme dit Nelly. N’ayez pas frayeur. Et calmez-vous sur moi, continuait Muriel dans son charabia gazouillé… Venez, dearest… Regardez plutôt le soleil là-bas… Isn’t it beautiful ?…

Au milieu des oliviers gris, des aloès aux dents aiguës, des cyprès pareils à des flammes figées, les rocs rouges jaillissaient, couronnés au Mont Tibère