silence. Puis, on entendit, à côté la petite bonne qui balayait. Des voitures en bas passèrent dans la nuit, au son de leurs grelots argentins. Il était environ six heures. Alors, Hultmann qui, sans rien ajouter, avait inspecté le salon familier, interrogea :
— Qu’avez-vous fait du portrait de Muriel, Gérard ?
L’autre ne répondit rien ; mais il le regarda avec une telle expression qu’Hultmann reprit :
— Voyons… Racontez-moi. Vous savez bien que j’ai été assez malheureux pour vous comprendre… et que je suis assez sincère pour vous plaindre et vous aider. Du nouveau, m’annonciez-vous tout à l’heure… Ça vient-il de là ? Qu’il y a-t-il ?
— Il y a que… ah ! non, mon cher, je ne sais pas, je ne peux pas vous le dire. Et pourtant, je vous ai confié, lorsque j’étais heureux encore, mes espoirs, mes élans, mes ferveurs. Vous avez su combien je l’aimais. Vous avez su combien elle fut adorée. Tout ce que j’avais pu rêver de beau dans la vie s’était concentré en elle. Elle m’avait, par un seul sourire, ressuscité les intangibles mortes qui dorment là-bas dans les galeries froides des musées. J’avais animé du marbre en la touchant. Les idées, dont enfant je croyais frémir, les nostalgies dont homme je croyais souffrir, elle les avait satisfaites et se-