Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/35

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Karcher au bas du mur d’assaut, fleurissait le terrain de manœuvres, mystérieusement.

Le quatrième jour qui était un samedi, il se rendit chez le père Millet. Le père Millet était occupé à sarcler ses roses quand il entra dans le jardin. Sur des arbres, là-bas, sans qu’on sache où, un loriot sifflait dans la tranquillité de cinq heures. L’air semblait doré ; au-dessus d’un tonneau rempli d’eau d’arrosage, des moucherons innombrables voltigeaient comme une fumée. Quand les pas de Gérard firent craquer le gravier du chemin, l’horticulteur se redressa : on n’entendit plus le bruit sec du sécateur. Millet toucha le bord de son vieux feutre couleur de cèpe, mais ne tendit pas la main au soldat.

— Écoutez, M’sieu Maleine, souffla-t-il à voix contenue, je suis bougrement content que vous soyez venu. J’voulais vous raconter qué’qchose ; v’nez donc une minute ici…

Il indiqua à Gérard un coin derrière des châssis tout entourés de roses trémières aux tiges hautes déjà, mais sans une fleur…

— Écoutez, M’sieu Maleine, recommença le jardinier ; j’aime mieux vous dire : Faut pas continuer vot’portrait de ma fille… D’abord demain, elle ne sera plus là. Je la fais partir : à c’t’heure elle sera