Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en ménage avec rien. Et Gérard, sauf sa pension d’étudiant, n’avait rien.

Quant à Blanche, sa fortune, c’était des fleurs. Il y a beau temps que voire dans les contes de fée on ne se nourrit plus avec des fleurs.

— Vous avez raison balbutia-t-il enfin. Je ne viendrai plus… Mais ajouta-t-il suppliant quasi, ne faites pas partir Blanche…

— Si ! elle partira demain. Et soudain ironique : Allez, M’sieu Gérard, je sais ce que c’est, les serments d’amoureux… Croyez-moi ; vaut mieux couper…

Gérard Maleine se rappela le bruit du sécateur dans le jardin tranquille, lors de son arrivée. Il comprit que leur tendre idylle serait une branche de Mai, sarclée encore, et qui se fanerait dans du parfum.

Le jeune homme mit la main au képi :

— Adieu, monsieur Millet. Dites à Blanche qu’elle garde ce que j’ai fait d’elle en souvenir. Le buste n’est pas fini — il y manquait, je crois — son sourire à elle. Mais puisqu’on se sépare, Blanche me permettra bien de ne laisser après moi qu’une chose un peu mélancolique, comme un souvenir. Adieu, monsieur Millet.

En repassant par le magasin désert, Maleine prit