Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/40

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mince du haut, spongieux, bulbeux et gras du bas, une bouche aux lèvres minces aiguisée par une perpétuelle ironie, l’écartement enfin de deux oreilles pareilles aux anses d’une marmite. Il avait des boutades naïves et rusées. Ses emballements portaient sur la digestion des sangsues à propos de quoi il préparait tout un livre, sur la poésie de Sully Prudhomme, qu’il proclamait hermaphrodite psychique, sur sa mère qu’il disait folle et mômière protestante, sur les origines du troisième sexe, et sur les cabarets où l’on chahute. D’ailleurs le monde ne contenait plus de sensations ignorées par lui. Avec la patience, l’entêtement et la curiosité que Cyrille Miess apportait au laboratoire, Cyrille Miess avait disséqué une à une presque toutes les impressions passionnelles qu’il est donné à l’homme d’éprouver : Expériences…

Cela, tranquillement, avant sa vingtième année. Il en résultait un averti et un inverti, usé par la noce et par les gosses, détraqué, mais amusant au possible avec son enthousiasme à rebours. Il attirait Gérard par contraste, par bonhomie, par gentillesse aussi.

Ayant appris la maladie de Mme Maleine, Miess réconfortait Gérard et le faisait espérer pour l’avenir. Il entreprit de le consoler et de lui faire oublier