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Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/43

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— Hé la mère ! tu viens monter la garde ce soir ?

— On te montrera les trou la la…

Dans un bruit de chaises, de sabres, de verres choqués, au milieu de grognements de mauvaise humeur, un numéro neuf montait sur l’estrade préludé par la « Tonkinoise ». Mme Myrto, du Ba-Ta-Clan de Paris — disait le programme. Lorsqu’elle parut, dégagée de son manteau, petite, maigre, déhanchée, timide à trembler, lorsqu’elle attaqua un couplet quelconque :


Mon p’tit chat
Tu l’verras !


en mimant mal, en chantant faux, avec un ton aigu qui faisait peine, des éclats de rire crépitèrent dans la salle…

C’était un début, pour sûr. Ça ? Mme Myrto, du Ba-Ta-Clan de Paris ? Allez donc ! La fille d’un concierge quelconque… Elle ferait mieux d’aller torcher ses frangins… Miess raillait : Myrto, la jeune Tarentine… Mais c’est une exaltation de mineure à la débauche… D’autres interjections partaient : — Eh va donc punaise ! — Sur mon matelas, j’l’ai vue… — N’perds pas tes seins ! — Al’les a laissés à Saint-Lazare ! hurlait un dragon plus ou moins de Villars… Cependant la pauvre fille, raidie, bravait