Aller au contenu

Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bruits de conversations dominaient les tziganes râlant quelque part une valse tendre. Des noms jetés par des grooms, le ronflement des autos, l’appel des voitures tout cela, apporté du dehors par les portes ouvertes, se mêlait aussi à la vague musique.

Maleine, depuis quinze mois parti du régiment, en avait gardé encore l’habitude du poil court et la mine pouponnière ; il se laissait doucement inviter aux derniers outrages par sa Fluffy Mufle d’occasion qui, coiffée à la diable d’une merveilleuse toison russe, le front grec, l’œil hardi, le nez au vent, la bouche amusée, les bras nerveux, sans poitrine, donnait des envies de l’appeler : mon ptit.

Avec ça, un patois inénarrable et un toupet « just the same ». Elle admettait tout par curiosité et pour passer le temps ; elle flirtait avec Gérard parce qu’elle n’avait pas autre chose à faire, ayant effectué deux rounds au golf de la Boulie le matin, une centaine de kilomètres dans une 60 H. P. avant déjeuner, et une ascension à 2 heures au parc militaire avec le duc d’Ouailles et Lucien Couturier (le fils du Couturier des Halles, fruits et primeurs en gros, qui s’essayait aux aéroplanes et aux dirigeables pour fréquenter le gratin). Miss Muriel, à l’instant, expliquait avec feu son dernier match de tennis mixed doubles à Puteaux, où elle avait été battue l’autre Dimanche…