Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/9

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comprit quelles nostalgies longtemps inavouées et longtemps italiennes son cœur contenait à présent.

Il se souvint du temps où, gamin encore, il restait des heures devant certaines statues (copiées d’après l’antique, sans qu’il le sût) à la place de jouer comme les autres sans se soucier des belles lignes du marbre. Il évoqua aussi le temps où, adolescent, ses sorties du dimanche semblaient une fête lorsqu’elles se consacraient à un musée.

Oh ! les salles fraîches, silencieuses, austères de la sculpture grecque au Louvre ! Même en ces jours-là, bien rares étaient les bourgeois, les ouvriers ou les petits marchands qui s’y aventuraient. Ce qui les en éloignait n’était pas seulement la perfection des attitudes dont ils restaient encore plus ratatinés ; c’était l’atmosphère de religion et de nécropole qui plane à l’époque actuelle de laideur et de mouvement, qui plane autour du Passé immobile comme un suaire !

Maleine se souvenait de l’intérêt passionné, de l’amour quasi charnel (dont il avait le goût aux lèvres et l’image dans les yeux) qu’il portait vers sa vingtième année à la Grèce et à l’Italie.

Que n’aurait-il pas donné, alors, pour un mystique et païen pèlerinage ! Cette chrétienté en loques qui écœurait par un catholicisme de Sacré-Cœur et de