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SONNET MÉLANCOLIQUE

Pour nous, Maman.

J’ai perdu la douceur de l’ardente jeunesse,
J’ai perdu l’espérance et j’ai perdu l’amour,
Je ne crois même plus, dans le déclin des jours,
À ces rêves dorés qui chassaient la tristesse :

Je reste sans désir, comme une âme en détresse ;
Que m’importent les gens qui vous disent : toujours !
Je sais que c’est fini, le destin reste sourd,
Et plonge dans mon cœur le poignard qui me blesse.

J’ai donc gâché ma vie, si belle et si féconde !
Moi, qui croyais tenir et dominer le monde,
Un unique regret me torture parfois :

C’est d’avoir méconnu et délaissé ma Mère,
Qui mêlait aux conseils de son amour sincère
Les baisers contenus dans l’urne de sa voix...