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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/119

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LE BAISER

ditionnelles. De la main, Jacques le fit taire. Il regarda. C’était là qu’elle allait venir, c’était là qu’elle allait s’asseoir. Le clavier aux vieilles touches d’ivoire, merveilleusement ciselées, ses doigts le caressaient. Les anges en bois sculpté qui ornaient au hasard les longs tuyaux sonores de leurs ailes et de leurs gestes en prière, ils allaient la protéger, l’entourer comme pour une assomption vivante. Et les cahiers anciens, les livres d’autrefois, les parchemins dont les moines avaient lentement, petit à petit, historié les pages d’hymnaires et de miniatures, elle les prendrait, les ouvrirait. Et puis, ses pauvres yeux illuminés malgré leur nuit, elle improviserait rien qu’à ouïr en elle-même la résonnance de virginales beautés. C’était là qu’elle allait venir, c’était là qu’elle allait s’asseoir.

Jacques se pencha sur la balustrade d’où la nef apparaissait, au fond de ténèbres vaguement lumineuses. Près du porche, le soleil entrait en