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LE BAISER

— À quelle heure dois-je venir ?

— À onze heures et demie Monsieur.

— Merci, que Dieu te protège !…

Jacques sortit, prit au hasard une ruelle devant lui, content comme si déjà il avait réussi son complot. Ce ne fut qu’à l’angle du rio terra qu’il se souvint que là même il avait vu Contarinetta et sa gouvernante disparaître, elle avec sa jolie silhouette jeune, portant un fardeau dans un pli de sa robe… Le fardeau… elle venait de prier… le fardeau… de la musique, des livres de cantiques, d’anciens rituels !

Et de nouveau, avec une violence inconnue, se mêlant à son idéal et à son amour, la nostalgie religieuse de Venise, de Notre-Dame-des-Mers-Mortes l’étreignit.

Il laissait son imagination courir, pareille à ces larges oiseaux des golfes qui ouvrent leur aile au vent, et qui se laissent emporter par lui vers les îles, vers le soleil. Puisqu’elle était là jeune et radieuse, la charmante princesse, il