Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

pour des dogaresses, c’était une forêt de métal et de verre, un acte de foi vers l’harmonie. Instinctivement Jacques évoquait les sons de ces énormes volutes muettes qu’un Dieu aurait pu porter à ses lèvres de même qu’une gigantesque flûte de Pan. En les frappant du doigt elles rendaient un murmure sonore et la cage entière vibrait de leur écho. Jacques évoquait ainsi la frète figure de cette femme qui trois siècles en arrière, jouait divinement sans vouloir qu’on la vit, ressuscitée à cette heure d’extase par une autre, encore plus belle ! Et les doigts du jeune homme cueillirent dans l’air une palme idéale.

Cependant des pas résonnèrent sur les dalles. On entrait. Jacques distinguait les moindres bruits avec une acuité extraordinaire. Plusieurs fois il crut défaillir en entendant des gens monter l’escalier. Mais il se trompait. — Ce devaient être simplement des bonnes femmes disant leur Pater, des étrangers, des visiteurs. — Elle allait venir, pourtant, elle allait venir avant les