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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/131

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LE BAISER

leur nourriture bourdonnaient de fracas terribles et de gémissements. Les damnés aux éternels supplices tendaient leurs chaînes au Seigneur. Puis une phrase liliale et apaisante montra la théorie des justes, louant Dieu sur des harpes et sur des lyres. Elle devait être aussi liliale et apaisante, celle qui jouait !

Dans les yeux de Jacques de Liéven des larmes naissaient. Et avec ces larmes un enthousiasme qu’excitait cette musique. Il se rappelait avoir souvent rêvé mourir au cœur d’une guitare lorsqu’à son arrivée d’Avril il était pour la première fois descendu en gondole. Il réalisait son rêve. Il vivait au cœur des orgues, au milieu des harmonies qui se rapprochent le plus d’une plainte humaine ! C’était comme si les airs couraient en lui, suivaient ses artères. Des frémissements agitaient ses membres pareils aux frémissements dont était secouée la charpente sonore. De nouveau se déroula la menace effroyable, la malédiction sur l’impie et Jacques