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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

les sermons, et il y a des fois où c’est si beau, si beau, que des gens pleurent…

Et il attendit rempli d’anxiété douloureuse. L’instrument dont la mise en mouvement était presque pénible lui causait cette anxiété. Aux premiers sons qu’il entendit, il fut rasséréné.

Des longs calices de cristal et de métal, une voix s’éleva, dans laquelle la Contarinetta devait faire chanter la sienne. Pure, blanche comme le premier rayon d’aurore sur la dernière neige d’avril, elle s’éleva vers les solitudes séraphiques. Des chœurs plus graves, plus mâles la soutenaient pour cette envolée à l’étoile. On eut dit une procession des autres âges, une reine toute pâle et toute frète, et des chevaliers du Saint-Graal. Sur les accords dominait une note à certains moments presque tendue comme harmonie et qui vibrait d’espoir, et qui s’exaltait d’extase. Puis le motif eut une fanfare grandiose, l’orgue parut se livrer dans cette tempête, dans cette tempête