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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

ne voyez que les danses, la gaité, la chanson alerte. On a peint des tableaux sans nombre où quelques tricornes masqués se penchent en riant sur des pièces d’or : scènes de jeu, de souper, ou de fin carnaval. Voyez ce qu’il en reste. Quand on tient les masques que les joueurs ont portés, ces masques blancs dont le nez s’avance en muffle, on dirait que les larmes les ont déteint, ont jauni par endroits à la place des yeux. On ne vit pas impunément au milieu de l’eau comme sur un navire en détresse, sans ressentir parfois la navrance intime de la mer.

— Voyez, voyez, pourtant quelle fête et quelle splendeur !

La barque avait repris le grand canal, en face du palais Vendramin où est mort Wagner (Wagner, cette musique, mourant dans ce recueillement) et elle suivait maintenant le fil de l’eau, était arrivée devant le pont du Rialto. Avec le pont pour cadre, le