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APOTHÉOSE

mal, le faire lui paraissait tout naturel. On ne croit pas faire mal quand on est jeune…

La vieille gouvernante, lassée de ne pas pouvoir comprendre, les avait laissés en tête à tête. Le silence les unissait, rapprochait instinctivement leurs deux êtres. Sans s’être encore approchés ils mêlaient leurs souffles et leurs veines se rythmaient d’un même battement. Alors, de même qu’à l’orgue il la prit comme un enfant qu’on berce, elle appuya sa tête blonde sur l’épaule de Jacques… Ses yeux voilés semblaient en extase. Jacques chercha ses lèvres. Mais elle se raidit, s’échappa…

— Laissez mes lèvres. Embrassez-moi sur le front, c’est là que m’embrassait maman. Dites, laissez mes lèvres.

Il la reprit, tremblant un peu…

— Venez ce soir sur le Grand Canal, murmura-t-elle en se dégageant comme une tige palpitante. Vous m’y trouverez avec grand père. Nous parlerons d’avenir. Adieu…