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LA PRIÉRE

pensait à l’automne. L’automne agonisante. L’année dernière, en France, à pareille époque, il allait souvent se promener dans les forêts. soit à Compiègne, soit à Fontainebleau, quelquefois aussi plus près de Paris, dans les bois et dans les anciens parcs royaux, à Saint-Cloud qui garde un souvenir d’incendie et de douleur, à Versailles qui forme un écrin à la mort. Oh, les bonnes courses silencieuses où il parcourait les sentiers, hardiment les matins, fouetté au passage par les branches, le visage caressé par les fils de la vierge qui flottaient, tout cela dans une craquelure de feuilles, de feuilles jonchant la terre. Sa poitrine respirait l’air froid, dilatée elle même au coucher du soleil. Des feux flambaient a l’horizon, dans les champs et dans les plaines on allumait des herbes mortes. Un train sifflait du côté de Paris. Parfois aussi de sonores clameurs, des clameurs distinguées à peine. C’était Paris, pourtant il était si loin Paris !… Oh, les bonnes courses dans la forêt…