Aller au contenu

Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

mal, avant d’établir un prix convenable. Jacques revînt en courant vers la gondole, avec les fleurs.

— Au Palais Labia, dit-il. Il s’assit sur les coussins noirs et son cœur fut dans un berceau. Tout un rêve en baiser chantait a ses oreilles, un rêve idéal et latin avec un décor de mer bleue, d’oliviers, de lumière et de musique. Un instant, sa gondole fut croisée par une autre gondole où une femme souriait du rire énigmatique et vague de la Joconde. Comme il tournait la tête il vit l’entrée du palais Barbarigo ancienne demeure de Browning, et sur la façade aérienne, entre les colonnes de marbre. des bouquets de lauriers. Ces lauriers et ce marbre se reflétaient sur l’eau. Et la femme souriante avait souri dans ce reflet. Jacques songea à la gloire du poète anglais, à cet exalté d’amour et de soleil que l’amour et que le soleil avaient enlevé à son pays. Que restait-il de lui en plus de ces chaumes ? De la pierre, des lauriers. Et jusque dans la nuit, ces lauriers fleu-